Fin mai, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, la Commission des titres d’ingénieurs (CTI), organisme indépendant chargé par la loi française d’évaluer toutes les formations d’ingénieur, a publié une première version d’un référentiel qui combine les exigences de l’arrêté et de l’accréditation des écoles d’ingénieurs « afin de permettre aux écoles d’ingénieurs d’obtenir le grade de licence dès la rentrée 2021 pour des formations de Bachelor déjà existantes ou prêtes à ouvrir ».
Le 18 juin dernier, après six mois de concertation, la Commission Consultative Nationale des IUT a ratifié la proposition de cadrage du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT). Ainsi, dès la rentrée de septembre 2021, les étudiants ne s’inscriront plus en DUT, mais en Bachelor Universitaire de Technologie (BUT).
Comme l’a annoncé l’Assemblée des directeurs d’IUT (ADIUT) dans un communiqué, ce nouveau diplôme sera déployé pour les 24 spécialités dans les 111 IUT. Soit un total de près de 700 BUT. « Chaque parcours de BUT sera adossé à un référentiel de compétences qui viendra structurer et assurer, au travers des niveaux de développement identifiés, la progression et la professionnalisation de l’étudiant au cours des trois années de formation », indique l’ADIUT.
Chaque spécialité de BUT proposera au maximum cinq parcours, « qui seront, au choix des IUT, inscrits dans l’offre de formation locale, et adaptés à hauteur d’un tiers des référentiels de formation, pour assurer une adéquation et une cohérence avec les besoins des territoires et les publics », ajoute le communiqué.
Ce nouveau diplôme permettra aux étudiants d’allier encore plus la théorie et la pratique. Dès la première année, l’alternance est possible pour découvrir le monde de l’entreprise et de la vie professionnelle. « Le BUT et son cadrage national incarnent les valeurs et missions des IUT : un diplôme national offrant une adaptation locale et une professionnalisation par la technologie, répondant ainsi aux enjeux de la société actuelle et de demain », précise l’ADIUT (Association des directeurs d'IUT) dans un communiqué.
Ce nouveau parcours en trois ans permet d'obtenir le grade de licence avec la possibilité de se réorienter dès la deuxième année grâce au jeu des passerelles prévues dans l'arrêté du 6 décembre 2019 qui indique que : « L'établissement assure la flexibilité des parcours et, en tant que de besoin, la réorientation des étudiants, par l'organisation de passerelles entre formations qui visent, pour certaines, l'insertion professionnelle au niveau licence et, pour d'autres, la poursuite d'études ultérieures. Les parcours et les passerelles permettent ainsi de mieux répondre aux projets des étudiants, en tenant compte de leurs acquis antérieurs et de leurs besoins ».
Le Bachelor Universitaire de Technologie s'appuiera pour deux tiers sur un programme national et pour un tiers sur des adaptations locales permettant ainsi de prendre en compte l'environnement local et la réalité du monde professionnel et des besoins des territoires. Les volumes horaires du BUT s'organiseront comme ce qui suit :
- 2000h pour les spécialités secondaires
- 1800h pour les spécialités tertiaires
- projets tutorés (600h)
- stages (22 à 26 semaines)
À partir de la rentrée 2021, les IUT proposeront un parcours de formation en trois ans, conférant aux étudiants 180 crédits ECTS. Toutefois, la création de ce nouveau diplôme ne supprime pas le DUT. Les étudiants de ce nouveau parcours de licence professionnelle pourront également être diplômés au niveau intermédiaire de 120 crédits (niveau bac+2) avec la délivrance du DUT.
En clair, à l'issue de deux années (sur trois donc) du Bachelor Universitaire de Technologie, l'étudiant qui souhaitera s'arrêter à ce niveau pourra obtenir son DUT (moyennant la validation des 120 premiers crédits ECTS). Le DUT deviendra donc un diplôme intermédiaire, car la finalité de ce Bachelor reste sa validation du niveau licence, à bac +3.
Des changements qui n’ont pas fait l’unanimité
Toutefois, ces changements n’avaient pas été bien perçus par certains universitaires. Réunis en collectif, ils avaient publié fin 2019 dans Libération une tribune contre les propositions de Frédérique Vidal, estimant qu’elles auraient pour conséquence d’abaisser la valeur du diplôme :
« A l’aune des contraintes dévoilées cet été, la réforme aura donc assurément deux conséquences majeures : celle de l’abaissement de la valeur du diplôme. Pour les bacheliers qui s’engageront dans le futur BUT et pour les écoles et entreprises qui les recrutaient habituellement, l’abaissement des exigences pédagogiques, acté par une diminution conséquente du volume horaire dispensé, amoindrira la valeur de ce diplôme auparavant prisé par les acteurs des territoires où sont implantés les IUT. La deuxième conséquence est celle de l’affaiblissement de la voie technologique pour les bacheliers généraux qui se verront écartés du nouveau BUT, un report imposé vers les bancs d’autres formations publiques ou ceux, bien plus onéreux, des «bachelors» privés. Au-delà de ce report subi, il est par ailleurs fort probable que le BUT, qui ne gardera de technologique que son intitulé mais sera désormais inscrit dans la voie professionnelle, rebute à terme une proportion non négligeable de bacheliers de toutes origines pour qui la voie technologique représentait un compromis intéressant entre voie professionnelle et filières académiques universitaires ».
De leur côté, 22 ACD (Assemblées de chefs de départements d’IUT) sur 24 avaient publié en mars dernier un appel pour reporter la mise en oeuvre du BUT à la rentrée 2022. Elles considéraient que son déploiement à la rentrée 2021 ne pourrait pas se faire au vu de la crise sanitaire qui mobilise les équipes pédagogiques. Les ACD signataires de l’appel ont jugé « primordial de pouvoir consacrer le temps nécessaire à la réflexion et aux débats pour écrire des programmes nationaux ».
Sources : CTI, Arrêté portant sur la réforme de la licence professionnelle, Tribune d’étudiants réunis en collectif
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