« Sur la vingtaine d'établissements Supinfo que le groupe Educinvest gérait en France, seuls ceux de Paris, Lille, Lyon, Tours et Caen continueront d'accueillir des étudiants cette année sous l'enseigne Supinfo », nous a confirmé Marc Drillech, directeur général du groupe d’enseignement supérieur privé en France. « Les autres sites, dont les effectifs ont été jugés insuffisants seront supprimés », nous a-t-il précisé. « Si nous avons pris cette décision, c’est pour éviter que nos écoles ne soient déficitaires et de ce fait financièrement pas viables », s’est-il justifié.
En clair, le groupe perçoit comme nécessaire cette fermeture de la majorité des écoles de Supinfo. Fabrice Bardèche, vice-président exécutif de Ionis Education Group, a d’ailleurs expliqué : « Supinfo a besoin d’être restructuré pour être viable. Pour envisager une restauration à long terme, nous allons réduire la voilure. » Sur les 63 emplois salariés de Supinfo, 37 seront conservés. À moyen terme, le groupe Ionis voudrait restaurer l’image de Supinfo et renforcer sa place sur le marché de l’enseignement supérieur technologique.
Cependant, malgré les fermetures, les élèves de l’ancien Supinfo n’ont pas de craintes à avoir ; il pourront :
- rejoindre le campus d’un des cinq Supinfo qui demeurent ouverts ;
- rejoindre l’une des treize écoles Epitech, les écoles d’informatique post-bac du groupe Ionis, plus généralistes que les Supinfo ;
- ou encore poursuivre leur formation à distance.
Cette information a été confirmée par Marc Drillech qui a indiqué : « Les personnes concernées pourront suivre leurs cursus à distance ou intégrer l’un des 15 campus numériques que compte Ionis en France ».
« Au total, conclut Marc Sellam, nous attendons de cette reprise un enrichissement de notre offre, à mi-chemin entre des écoles techniques comme la Web@cadémie et d’autres plus pointues comme l'Epita ou Epitech ». Avec l'intégration de Supinfo nous ambitionnant d’amplifier l’enseignement de l'informatique et du numérique, en formation initiale comme en formation continue, a-t-il indiqué.
Supinfo : un passif qui s’élève à 1,4 million d’euros
C’est ce qui est ressorti du jugement du commerce de Paris en août. L’établissement d'enseignement supérieur privé lancé sur l’axe des technologies de l'information et de la communication doit 600 000 euros aux tiers chargés de transmettre les connaissances aux étudiants, c’est-à-dire, aux enseignants. C’est une formation en droite ligne avec des témoignages d’intervenants de la filière enseignement recueillis en début d’année. « J'ai donné des cours courant de l'année scolaire 2018- 2019 et je n'ai toujours pas été payé. En réponse à un courrier d'huissier, ils ont dit que la société Educinvest n'ayant pas de compte bancaire en France, il m'a été dit que je ne pouvais pas récupérer l'argent qu'ils me doivent qu’après avoir initié une procédure en Belgique, ce, avec tous les problèmes que ça implique », expliquait un enseignant.
Supinfo doit également 800 000 euros aux étudiants suite à des demandes de remboursement. Là encore, des témoignages d’étudiants et de parents laissent sans voix. « En fin de deuxième année, j’ai fait un paiement anticipé de 15 000 euros pour ma troisième, quatrième et cinquième année à Supinfo et vu comment se passait ma troisième année, j’ai décidé d’arrêter et de demander mon remboursement. À date, Supinfo me doit 7709 euros », rapporte l’un d'eux.
Le présumé plan de cession d’Educinvest, société à responsabilité limitée de droit belge dont Supinfo est l’enseigne, fait l’économie d’autres tares comme celles liées aux locaux de l’établissement d’enseignement supérieur privé. « On croyait en la notoriété de Supinfo et on a inscrit notre fils en toute confiance et très rapidement cette confiance s'est dégradée, car les locaux dans lesquels il avait été accueilli pour l'inscription n'ont pas été gardés. On lui a donc demandé au moment de la rentrée de se rendre dans une autre école. C'était une école de commerce dans laquelle ils ont été hébergés pendant une année. Le PDG est venu de Bruxelles pour nous rassurer quant à la suite. Plus tard, nous avons tenté de les joindre sans succès », explique un parent en début d’année.
En clair, depuis plusieurs années, Supinfo défrayait la chronique : dettes auprès d’enseignants et d’employés, qui se plaignent d’impayés, de nombreux élèves, se disant déçus par les enseignements, qui demandaient à être remboursés en vain après avoir payé d’avance des années d’études non suivies (l’école facturait sa scolarité 6100 euros par an).
À propos de ces dettes, Ionis a été clair : pas question de prendre en charge les créances accumulées par la précédente direction de Supinfo. « Nous ne rembourserons pas de l’argent que nous n’avons pas touché, justifie Fabrice Bardèche. Toutes les créances sont à faire valoir auprès de l’ancienne société ».
Source : Ionis
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