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La France tourne la page de la Grande École du Numérique et passe le relais à ses ministères de tutelle et à France Travail
Un choix stratégique pour rationaliser la formation ou un renoncement ?

Le , par Stéphane le calme

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La fin annoncée de la Grande école du numérique (GEN), créée en 2015 pour répondre aux défis d’inclusion et de formation dans les métiers du numérique, marque un tournant important dans les politiques publiques de formation en France. Alors que ce dispositif visait à démocratiser l’accès aux compétences numériques et à pallier le déficit de talents dans un secteur en pleine expansion, sa disparition soulève de nombreuses questions. Que retenir de son impact ? Quels enseignements tirer de ses réussites et de ses limites ? Et surtout, quels risques ou opportunités cette transition comporte-t-elle pour l’avenir de l’éducation au numérique ?

Un projet ambitieux au service de l’inclusion

En 2015, une initiative a été lancée par le gouvernement français afin de rassembler au sein d’un même label, de nombreux organismes publics et privés pour offrir des formations liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Au lieu de partir de zéro et créer une école pour dispenser ces formations, les autorités françaises ont préféré se tourner vers les écoles et centres de formation disponibles pour créer un réseau d’écoles pour la formation aux métiers du numérique.

Cela a donné lieu à la création du groupement d’intérêt public de la Grande École du Numérique (GEN). Elle rassemble comme structures de formation les associations, les établissements publics, les établissements d’enseignement supérieur, les structures privées pour ne citer que celles-là.

La GEN avait pour mission initiale de promouvoir l’accès aux métiers du numérique pour des publics éloignés de l’emploi, notamment les jeunes sans qualification, les habitants des quartiers prioritaires, et les populations sous-représentées dans le secteur, comme les femmes.

Dix ans plus tard, après avoir bénéficié du soutien continu des quatre ministères de l’Éducation nationale, du Travail et de l’Emploi, de la ville et du numérique, la GEN note qu'elle laisse derrière elle « plus de 1 000 formations amorcées, près de 45 000 apprenants issus de milieux précaires formés, des outils innovants comme un moteur de recherche permettant d’accéder à 20 000 formations actives, et une véritable démocratisation des métiers du numérique ».

Les forces du dispositif résidaient dans sa souplesse et sa capacité à s’adapter aux besoins du marché. En mobilisant des acteurs locaux (organismes de formation, entreprises, collectivités), la GEN a su fédérer un écosystème diversifié et encourager des approches pédagogiques alternatives, comme le « learning by doing » ou les bootcamps intensifs. En mettant l’accent sur des compétences recherchées (développement web, cybersécurité, data), elle a contribué à insérer des milliers de personnes dans l’emploi, parfois après seulement quelques mois de formation.


Des limites structurelles et stratégiques

Malgré ces succès, la GEN a été critiquée pour plusieurs raisons. D’abord, la pérennité des financements s’est avérée problématique. Initialement soutenue par un budget dédié, elle a progressivement vu ses moyens se réduire, laissant certaines formations en difficulté. Cette précarité a également touché les apprenants, dont certains ont peiné à obtenir des certifications reconnues ou des emplois stables.

De plus, la GEN a parfois été accusée de manquer de coordination nationale. Le foisonnement d’acteurs locaux, bien que bénéfique pour la diversité des approches, a aussi généré des disparités dans la qualité des formations. Certains partenaires ont reproché une vision trop centrée sur l’insertion rapide, au détriment d’une réflexion plus approfondie sur les évolutions à long terme des compétences numériques.

Enfin, la question de l’impact sur les inégalités de genre et sociales reste en suspens. Bien que des progrès aient été réalisés, les femmes et les publics les plus défavorisés restent sous-représentés dans le secteur. L’écart entre les promesses initiales et les résultats concrets a alimenté un certain scepticisme.

14 millions d'euros de subvention en 2017, mais seulement 23 % de CDI à la sortie

Fin 2017, la Grande École du Numérique a publié son rapport sur ses réalisations. Étant donné que son ambition était de former les talents numériques de demain, 67 % des formations délivrées concernaient des métiers techniques et dédiés aux outils numériques. Parmi les formations délivrées, 128 d’entre elles concernaient les métiers de développeur web/mobile et 116 formations étaient spécialisées dans le développement d’applications web/mobile. Pour ce qui concerne les certifications délivrées, seulement 7,31 % de ces formations étaient sanctionnées par des diplômes, contre 45 % des formations qui octroyaient des certifications professionnelles à la fin de la formation. À ce sujet, la Grande École du Numérique encourageait les formations à s’inscrire au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).

Pour permettre à un grand nombre d’apprenants de prendre part à ces formations, des contributions ont été apportées afin de les offrir gratuitement. Pour l’année 2017, 77 % des apprenants ont bénéficié de la gratuité dans le cadre de leur formation. Parallèlement à ces chiffres, la Grande École Numérique a également fait l’état du nombre d’apprenants qui a été inséré professionnellement dans le système. Pour les apprenants qui ont terminé la première session de leur formation 2017, seuls 23 % (563 apprenants) sont parvenus à obtenir un CDI. Presque la moitié, 283 personnes formées ont obtenu un CDD. En termes de pourcentage, cela constitue environ 12 % des personnes formées.


Malgré des résultats décevants, l'État a réinvesti 90 M€ dans la GEN pour essayer de pallier les besoins IT des entreprises

Les entreprises avaient de la peine à recruter sans que le problème soit nécessairement la pénurie de talents. Fallait-il donc axer les recrutements sur les profils issus des formations intensives ? C’est ce qu'a laissé penser une décision du gouvernement français qui a investi 90 millions d'euros pour former des milliers de demandeurs d’emploi aux métiers IT d’ici fin 2022.

La feuille de route de la Grande École du Numérique prévoyait le déploiement de quatre nouveaux projets à compter du 20 mai 2021 :
  • Un marché public de services de formations inclusives aux métiers du numérique a été lancé par Pôle emploi afin d’enrichir l’offre de formation existante et de former 10 000 nouveaux apprenants d’ici fin 2022. Pour atteindre ces objectifs, la Grande École du Numérique a apporté son expertise technique en matière de sélection, de suivi et d’évaluation des formations.
  • Afin d’enrichir l’offre de formations labellisées, la feuille de route prévoyait par ailleurs le lancement d’un nouvel appel à labellisation. Celui-ci a priorisé notamment les formations implantées dans des quartiers prioritaires de la ville ou dans des zones de revitalisation rurale et aux formations accueillant une part importante de publics féminins.
  • La feuille de route a prévu également le lancement d’un appel à projets « Innovation » dont l’objectif est de cibler les projets innovants visant à mieux atteindre, former et accompagner les publics cibles de la GEN tout au long de leur formation et de leur insertion professionnelle.
  • Enfin, la feuille de route a prévu la mise en place d’un observatoire national de l’offre de formation et des compétences numériques dont le rôle était d’identifier les besoins dans les territoires pour mieux les anticiper et y apporter une réponse adaptée.


Un repositionnement stratégique en 2021 suite à la crise sanitaire et la montée en puissance de l'IA

Après la crise sanitaire, le contexte évolue. Les métiers du numérique se complexifient avec l'essor de l'intelligence artificielle, de la cybersécurité, et des besoins grandissants de compétences en langages sophistiqués comme Python. Il devient plus difficile de former des personnes sans pré requis académique. Par ailleurs, la numérisation de l’économie s’est accélérée et la demande des entreprises explose. Le gouvernement d’Élisabeth Borne confie alors une nouvelle feuille de route à la GEN : rendre l’offre de formation plus accessible et accompagner l’orientation des publics vers ces métiers

C’est chose faite dès 2022 : le portail de la GEN propose un accès simplifié aux métiers du numérique et aux formations. La GEN lance sa cartographie de référence des métiers du numérique et un moteur de recherche qui donne un accès exhaustif à l’offre de formation qualifiante disponible en France. Plus de 1 800 000 de requêtes ont été enregistrées depuis le 1erjuin 2024.Ce dispositif est inédit et n’existe dans aucun autre secteur, d'après un communiqué de la GEN.

Quant à l’observatoire, il donne chaque trimestre un état des lieux des besoins des entreprises et de l’offre de formation dans chaque région. Il permet aux personnes de connaitre l’évolution des besoins localement et aux collectivités territoriales de mieux orienter leurs plans de formation.

La GEN a également publié 153 fiches de postes IT détaillées, alignées sur les compétences du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome 4) en collaboration avec France Travail avec lequel la transition se fera en douceur : le portail reste accessible et sera doté d’ici fin janvier d’un outil d’orientation en fonction du CV pour faciliter les reconversions. Les derniers chiffres de son observatoire pourront également être consultés.

La fin de la GEN : un choix stratégique ou un renoncement ?

La dissolution de la GEN s’inscrit dans un contexte plus large de refonte des politiques publiques de formation. L’État semble désormais vouloir recentrer ses efforts sur des dispositifs plus globaux, comme le compte personnel de formation (CPF) ou les initiatives pilotées par les régions. Ce choix peut être interprété comme une volonté de rationalisation, mais il pourrait également traduire un désengagement vis-à-vis des approches ciblées et innovantes.

Certaines critiques voient dans cette décision une opportunité manquée. Alors que le numérique continue de transformer profondément le monde du travail, la GEN aurait pu jouer un rôle clé dans l’adaptation des compétences. Sa disparition risque de creuser les inégalités en matière d’accès à la formation, en particulier pour les publics éloignés des dispositifs classiques.

Dans son mot d'adieu, elle note : « certains défis devront encore être relevés : réduire les inégalités territoriales dans l’accès aux formations ; assurer la pérennité financière des dispositifs, souvent dépendants des subventions publiques ; accompagner davantage les apprenants dans la transformation des compétences acquises en emplois stables, créer des corpus et des référentiels de formations valables et un vivier de formateurs confirmés, favoriser les échanges et l’entraide entre les diplômés et avec les entreprises ».

Quels enseignements pour l’avenir ?

Le bilan de la GEN offre des enseignements précieux pour les politiques publiques à venir. D’une part, il souligne l’importance de dispositifs flexibles et inclusifs, capables de s’adapter rapidement aux mutations du marché. D’autre part, il met en lumière les défis liés à la pérennité et à la coordination des initiatives, qui nécessitent un engagement fort et une vision claire.

Pour l’avenir, il sera crucial de maintenir une ambition forte en matière de formation numérique. Cela passe par une meilleure articulation entre les acteurs publics et privés, mais aussi par une attention renouvelée aux publics les plus vulnérables. L’émergence de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle rend ce défi encore plus urgent.

Conclusion

La fin de la Grande école du numérique marque une étape décisive, mais aussi une source d’interrogations sur la capacité de la France à relever les défis de la transition numérique de manière inclusive. Si ce dispositif a permis de poser les bases d’une réponse aux besoins croissants en compétences, sa disparition rappelle que l’innovation sociale et éducative doit s’accompagner d’un soutien durable. À l’heure où le numérique devient une clé de voûte de nos sociétés, la question de l’accès équitable à ces compétences reste plus que jamais d’actualité.

Source : communiqué de presse

Et vous ?

Quels sont, selon vous, les principaux succès de la GEN dans la lutte contre les inégalités d'accès aux métiers du numérique ?

La GEN a-t-elle réellement permis de combler le déficit de talents dans le secteur numérique, ou son impact reste-t-il marginal face aux besoins du marché ?

Les objectifs initiaux de la GEN ont-ils été adaptés aux évolutions rapides du secteur numérique depuis 2015 ?

La dissolution de la GEN représente-t-elle un échec des politiques publiques de formation ciblées, ou est-elle une étape logique dans une transition vers des dispositifs plus globaux ?

La GEN aurait-elle pu être sauvée et transformée avec une stratégie mieux coordonnée et des financements plus pérennes ?

Quelles leçons peut-on tirer de dispositifs similaires dans d’autres pays pour inspirer de nouveaux modèles en France ?

Le modèle éducatif français est-il suffisamment réactif face à la rapidité des mutations technologiques dans le secteur numérique ? Dans quelle mesure ?

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Avatar de bxdfr
Membre du Club https://www.developpez.com
Le 16/01/2025 à 17:08
J'ai une nouvelle façon de détecter les arnaques.
Si vous voyez les mots clefs "inclusion", "diversité", ou "équité", ça sent pas bon.
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Avatar de Mingolito
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 16/01/2025 à 12:36
Bonne nouvelle, c'était n'importe quoi cette gabegie de millions pour financer des écoles privées qui ne sont rien d'autres que des grosses arnaques.
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