L’intégralité de la lettre
Aux gouverneurs et aux responsables de l'éducation des États-Unis d'Amérique :
Les dirigeants soussignés ont uni leurs forces pour délivrer un message bipartisan sur les opportunités et le rêve américain. Nous vous demandons de mettre à jour le programme d'enseignement de la maternelle à la 12e année dans chaque État, afin que chaque élève dans chaque école ait la possibilité d'apprendre l'informatique.
Cette initiative bénéficie d'un large soutien de la part des parents, des élèves, des enseignants et des employeurs. Pourquoi ? Parce que l'informatique constitue une base essentielle, non seulement pour les carrières dans le domaine de la technologie, mais aussi pour toutes les carrières dans le monde d'aujourd'hui. Des études montrent désormais que les élèves qui apprennent l'informatique obtiennent de meilleurs résultats à l'école, à l'université et au-delà.
À une époque où tous les secteurs d'activité sont touchés par la technologie numérique, nos écoles devraient enseigner à tous les élèves comment fonctionne la technologie, afin qu'ils apprennent à être des créateurs, et pas seulement des consommateurs. Au lieu de cela, cette compétence de base n'est enseignée qu'à quelques chanceux, laissant la plupart des étudiants à la traîne, en particulier les jeunes femmes et les étudiants de couleur.
Les États-Unis sont à la pointe de la technologie dans le monde, mais seuls 5 % de nos lycéens étudient l'informatique. Comment cela peut-il être acceptable ? Nous avons inventé l'ordinateur personnel, l'internet et le smartphone. Il est de notre responsabilité de préparer la prochaine génération au nouveau rêve américain.
Une décennie de progrès a montré que le changement est possible : cent mille enseignants ont prouvé que chaque école peut enseigner l'informatique et que chaque enfant peut commencer à apprendre dès l'école primaire. Les plus grands districts scolaires ont élargi l'accès à l'informatique, de New York à Los Angeles, du comté de Broward à Las Vegas. Les 50 États ont pris des mesures, ce qui montre que cette idée bénéficie d'un soutien bipartite.
Alors que les États repensent l'éducation à la lumière de COVID-19, il est temps de faire de l'informatique un élément fondamental de la "nouvelle normalité". Voici pourquoi :
- Pendant les fermetures pour cause de pandémie, l'Amérique a financé des ordinateurs portables pour que 90 % des élèves puissent apprendre à la maison. Alors que les écoles rouvrent, utilisons ces ordinateurs portables pour enseigner l'informatique.
- Le travail à distance élargit les possibilités. Les diplômés n'ont plus besoin de quitter leur État pour faire carrière dans la technologie. Même la plus petite ville peut devenir un pôle technologique ; la clé est l'éducation.
- Près de deux tiers de l'immigration hautement qualifiée concerne les informaticiens, et chaque État est un importateur de ce talent stratégique. Les États-Unis comptent plus de 700 000 postes informatiques ouverts, mais seulement 80 000 diplômés en informatique par an. Nous devons former les étudiants américains pour des raisons de compétitivité nationale.
- Enfin, les cyberattaques mondiales ont mis un nouveau projecteur sur la cybersécurité, faisant de l'informatique un impératif de sécurité nationale pour les gouvernements et les entreprises.
Nous devons tous faire notre part. Les soussignés s'engagent à apporter leur soutien en créant collectivement des opportunités d'emploi pour les étudiants en informatique dans toutes les villes des États-Unis, et dans tous les secteurs, de la fabrication à la banque, de l'agriculture à la santé. Beaucoup d'entre nous proposent des stages pour aider ces étudiants à trouver leur voie professionnelle. Beaucoup d'entre nous ont financé des efforts dans le domaine de l'éducation informatique, afin de soutenir les communautés mal desservies. Mais l'industrie ne peut pas faire grand-chose par elle-même.
Il est temps d'agir et les enjeux ne pourraient être plus élevés. Ensemble, nous vous demandons instamment, pour le bien de nos étudiants, de notre économie et de notre pays, de travailler ensemble pour mettre à jour le programme d'enseignement de la maternelle à la 12e année, afin que chaque étudiant dans chaque école ait la possibilité d'apprendre l'informatique.
Une politique éducative en vigueur dans de nombreux pays
Les élèves indiens apprennent la programmation informatique dès l’âge de 10 ans dans le cadre d’une politique éducative dont l’entrée en vigueur a fait l’objet d’annonce au cours de l’année 2020. La manœuvre du gouvernement indien est destinée à s’assurer que l’acquisition des « compétences du 21e siècle » débute le plus tôt possible. Ladite politique éducative consacre l’intervalle de 10 à 11 ans comme celui qui doit marquer ce top départ. Dans un univers des technologies de l’information et de la communication en constantes mutations, les avis sont partagés sur la question de savoir s’il s’agit d’une bonne approche en termes de timing. La mouvance est également pointée du doigt comme cause de baisse des salaires dans l’industrie de la programmation informatique.
L’Inde venait ainsi allonger une liste de pays assez fournie. En effet, depuis 2014, le Royaume-Uni a introduit une petite révolution numérique dans le domaine de l’éducation en devenant le premier pays dans le monde à imposer la programmation informatique dans les établissements primaires et secondaires. Les enfants commencent donc à apprendre à écrire du code dès leur entrée à l’école vers l’âge de cinq ans jusqu’au moins vers l’âge de 16 ans, quand ils finissent leurs études secondaires. En 2016, le Japon estimait que les compétences traditionnelles comme la lecture, l’écriture et le calcul ne suffisaient plus pour réussir dans cette nouvelle économie mondiale tirée par l’innovation. Aussi, le pays avait décidé de rendre obligatoire l’enseignement de la programmation informatique dès l’école primaire. Le pays planifiait également de généraliser graduellement l’apprentissage de cette discipline dès 2020 pour les écoliers, 2021 pour les collégiens et 2022 pour les lycéens.
C’est une mouvance qui rejoint le positionnement de grands acteurs de la filière des technologies de l’information et de la communication. Tim Cook par exemple a, il y a quelques années, rappelé son souhait de voir la programmation informatique intégrée au cursus scolaire, et enseignée dès le CM1 ou le CM2, afin de sensibiliser les nouvelles générations à la technologie. « je pense que coder est aussi important, si ce n’est plus important, qu’apprendre une seconde langue que plusieurs personnes apprennent de par le monde », avait-il lancé. Pour lui, développer est « juste un autre langage qui devrait être enseigné à l’école. » « Coder doit être une exigence à l’école. Nous ne rendons pas service à nos enfants si nous ne leur proposons pas une introduction à la programmation », avait-il ajouté.
À mi-parcours de l’année 2019, Liam Rosenfeld était encore lycéen, mais avait déjà des applications listées sur la boutique d’applications d’Apple. Le jeune alors âgé de 16 ans n’avait pas manqué de taper dans l’œil de Tim Cook lors d’une rencontre (dans un Apple Store à Orlando, en Floride) au cours de laquelle le PDG d’Apple l’avait cité comme un exemple des raisons pour lesquelles il croit que l' éducation au codage informatique devrait commencer dès les premières années d'école. De façon traditionnelle, l’exercice en tant que développeur ou professionnel de la filière informatique est conditionné par le passage par un parcours classique d’une formation diplômante en informatique. C’est en principe au cours de celle-ci que le futur développeur ou IT pro acquiert les connaissances de base pour la carrière qu’il envisage. En s’appuyant sur l’exemple de Liam, Tim Cook s’était inscrit en faux en déclarant qu’ « il ne pense pas qu’il soit nécessaire de posséder un diplôme universitaire de 4 ans pour maîtriser le codage informatique. » Il semblait ainsi laisser entendre que l’exposition en bas âge à la programmation informatique peut suffire pour sortir d’excellents travailleurs au sein de la filière.
Les approches de ce type (exposition à la programmation informatique) ne cessent de gagner du terrain en raison de ce que les prévisions font état de fortes demandes de talents IT dans les années à venir. En plus de semer le doute sur la qualité des tiers issus de cursus autres que ceux des formations universitaires diplômantes que certaines entreprises disent ne plus exiger, il apparaît comme un revers supplémentaire. Un postulant issu d’un cursus dans lequel on investit moins de temps qu'on le devrait ne sera pas aussi exigeant sur les questions salariales qu'un autre qui a passé des années de labeur à l'université ou en grande école pour se former. Conséquence : cette démocratisation accélérée pourrait aboutir à une demande d'emploi excédentaire dans le domaine des technologies de l’information et de la communication ; ce qui aura pour effet de faire chuter les salaires.
C’est ce qu’un article a mis en avant en 2018 à propos de la promotion de la programmation dès le bas âge. Ce dernier avait averti que les géants de la technologie - les plus gros employeurs de talents IT - encouragent l'apprentissage du codage aux enfants, pas dans l’intérêt de ces derniers, mais plutôt pour former une nouvelle génération de main-d'œuvre bon marché afin de faire baisser les hauts salaires des codeurs qui menacent la survie de la Silicon Valley.
Source : lettre
Et vous ?
Est-ce une bonne idée d’initier des tiers à la programmation informatique dès le bas âge ? Qu’en est-il dans votre pays ?
Comment entrevoyez-vous le traitement salarial des professionnels de la filière programmation informatique dans quelques années au vu des développements en cours ?
Voir aussi :
Comment avez-vous appris à développer ? Êtes-vous passé par le parcours classique d'une formation diplômante en informatique ou autrement ?
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