Les chiffres-clés de l’enquête :
- 94% des lycéens pensent qu’il est important voire même indispensable d’avoir un très bon niveau dans les matières scientifiques pour être admis et réussir dans une école d’informatique.
- Or même lorsqu’elles ont plus de 14/20 de moyenne dans les matières scientifiques, les filles sont bien moins nombreuses que les garçons à penser avoir le niveau pour suivre une école d’ingénieur (53% contre 72% des garçons avec une moyenne similaire) ou une école d’informatique (43% contre 78%), et leurs parents sont du même avis.
- 37% des lycéennes envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou une école d’ingénieur, contre 66% des garçons. Pourtant 54% des lycéennes sont intéressées par les matières scientifiques en général, et 56% par l’informatique / le numérique.
- Ces formations sont mal connues, notamment des filles : 29% seulement d’entre elles connaissent bien le contenu de la formation en école d’informatique (contre 46% des garçons), et 24% le métier d’expert informatique (contre 36% des garçons), et ce même lorsqu’elles s’intéressent au secteur.
- Seulement 33% des filles sont encouragées par leurs parents à s’orienter vers les métiers du numérique, contre 61% des garçons, or les parents sont les principaux prescripteurs en matière d’orientation.
- Pourtant lycéennes, lycéens et parents s’accordent tous très majoritairement sur le fait qu’il s’agit de métiers bien rémunérés (82% des lycéens et 89% de leurs parents le pensent), de métiers d’avenir (88% des lycéens et 95% de leurs parents) et qui permettent d’agir sur les grands enjeux d’aujourd’hui (67% des lycéens et 72% de leurs parents).
- Mais chez les filles, moins exposées à un discours positif sur le métier d’expert informatique de la part de leur entourage, les perceptions négatives l’emportent : jugé certes moderne (43% des filles contre 51% des garçons) mais trop technique (49% des filles contre 35% des garçons), solitaire (26% contre 22%) et ennuyeux (26% contre 11%).
- 76% des lycéens considèrent aujourd’hui qu’il s’agit d’un métier masculin, et parmi eux 33% pensent que les femmes y trouvent difficilement leur place (38% des lycéennes le pensent).
- 89% des lycéens et 87% de leurs parents pensent que les femmes diplômées d’écoles d’informatique sont désavantagées par rapport aux hommes d’au moins une manière parmi les suivantes : salaires, possibilités d’évolution et opportunités d’embauche.
- 66% des lycéens et 73% de leurs parents pensent que les capacités des filles à réussir des études et carrières dans l’informatique sont moins reconnues par les recruteurs, mais aussi par elles-mêmes (52% des lycéens le pensent et 59% de leurs parents).
- Pourtant 93% des lycéens et 97% des parents considèrent qu’il est important voire indispensable de favoriser la diversité dans la Tech.
- La 1ère des priorités citées pour encourager les filles à s’engager dans des études d’informatique est d’inviter des professionnelles du secteur dans les classes, de l’avis des lycéens comme de leurs parents, juste devant le fait de faire connaître toute la variété des métiers du numérique.
Les critères d’orientation et le rôle déterminant des parents
Au lycée, il est déjà presque trop tard : 65% des lycéens ont déjà une idée précise du métier qu’ils veulent exercer après leurs études. Leur choix s’affine au cours des années lycée mais est déjà arrêté pour 58% des élèves en seconde (65% en première et 69% en Terminale). D’ailleurs, des choix déterminants sont faits avant l’entrée en seconde[3].
Les critères de choix des lycéens pour leur futur métier sont également déjà clairs : la rémunération (64% la citent parmi les trois principaux éléments) et les conditions de travail (47%) avant tout, chez les filles comme les garçons. Les critères sont en réalité très peu différents selon le sexe des enfants. Ce sont plutôt les parents qui projettent des attentes différentes, avec du côté des parents de filles, la possibilité de concilier vie privée et vie professionnelle qui est citée en 2ème position, contre 5ème pour les parents de garçons. Du côté des jeunes filles, il s’agit en réalité du 4ème critère le plus cité, idem pour les garçons.
Les parents jouent un rôle décisif en matière d’orientation : ce sont ceux à qui les lycéens font le plus confiance pour les conseiller en la matière (33%), devant les personnes qu’ils peuvent rencontrer lors de forums ou de salons d’orientation -à ne pas négliger donc- (21%), leurs professeurs (17%), conseiller d’orientation (16%) ou d’autres membres de leur famille (13%).
Ce rôle primordial dédié aux parents fait peser sur eux une lourde responsabilité, et le risque de voir se reproduire inégalités sociales et inégalités des sexes, alors même qu’ils ont le sentiment de faire au mieux pour leurs enfants.
Or les parents ont moins tendance à conseiller aux jeunes filles de s’orienter vers un métier scientifique : 43% des lycéennes déclarent que leurs parents leur ont conseillé de s’orienter vers un métier scientifique, contre 56% des lycéens. Les parents les plus éduqués (et notamment les mères) ont davantage tendance à conseiller à leurs filles de poursuivre une carrière scientifique, sans toutefois que les différences de genre ne s’effacent (54% des filles dont la mère est Bac+3 et plus se sont vu conseiller une carrière scientifique contre 29% lorsque leur mère a un niveau d’études inférieur au Bac, mais c’est moins que pour les garçons : 65% des garçons dont la mère a un niveau d’études Bac+3 et plus se sont vu conseiller une carrière scientifique contre 47% quand leur mère avait un niveau d’études inférieur au Bac).
Et les parents ont encore moins tendance à conseiller aux jeunes filles de s’orienter vers les métiers de l’informatique et du numérique : 33% des filles se sont vu conseiller ces métiers, contre 61% des garçons. Et pour ces métiers, le niveau de diplôme de la mère joue peu : seulement 38% des mères dont le niveau d’études est supérieur ou égal à Bac+3 ont conseillé à leur fille de s’orienter vers les métiers du numérique (contre 27% pour les niveaux inférieurs au Bac).
Le métier d’expert informatique est encore moins bien identifié. Seulement 30% des lycéens ont le sentiment de bien le connaître (secteurs d’activité, diversité des carrières…). C’est encore moins le cas des jeunes filles (24% seulement), y compris quand elles s’intéressent à l’informatique et au numérique (31%). Côté parents, la connaissance est à peine meilleure : 39% déclarent bien connaître ce métier. Ils sont aussi peu nombreux, en toute logique, à connaître le contenu de la formation en école d’informatique (38% ; contre 37% pour leurs enfants).
Moins informées sur ces métiers, moins encouragées à les choisir, les jeunes filles sont moins exposées à un discours positif sur les écoles d’informatique et les métiers du numérique : 46% d’entre elles considèrent que leurs parents ont un discours positif à cet égard (contre 57% des garçons), 44% de leurs amis (55% côté garçons) ou encore 44% de la part de leurs professeurs (contre 53% pour les garçons).
Le métier d’expert informatique est aujourd’hui considéré comme un métier masculin par 76% des lycéens. Parmi eux, 33% pensent que les femmes y trouvent difficilement leur place (38% des lycéennes).
Une très large majorité de lycéens (89%) comme de parents (87%) pensent que les femmes diplômées d’écoles d’informatique sont désavantagées par rapport aux hommes d’au moins une manière parmi les suivantes : salaires, possibilités d’évolution et opportunités d’embauche. Au risque d’amplifier leur mise en retrait du secteur.
Source : Ipsos
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