Au cours des cinq prochaines années, le diplôme de fin d'études secondaires de l'Oregon ne garantira pas que l'élève qui l'a obtenu puisse lire, écrire ou calculer comme un bon élève. La nouvelle disposition soulève un certain nombre de questions : quel impact sur une éventuelle poursuite d’études en lien avec la filière informatique ? Est-ce pertinent d’avoir un système de sélection basé sur les compétences dites essentielles (lire, écrire, calculer) pour filtrer les futurs apprenants de la filière informatique ?
Le gouverneur Kate Brown a supprimé l'obligation pour les élèves de démontrer qu'ils ont acquis ces compétences (lecture, écriture, calcul) en signant la loi 744 en provenance du Sénat. La nouvelle disposition légale cible les apprenants de couleur, latinos, indigènes et asiatiques de l’Oregon. Elle fait suite aux requêtes des leaders desdites communautés qui n’ont cessé de plaider en faveur de normes d’obtention de diplômes équitables, ainsi que de possibilités d’apprentissage et de soutien accrues.
La nouvelle disposition soulève des questionnements sur l’éventuelle poursuite d’études en informatique de tels apprenants. De façon traditionnelle, l’on cite les mathématiques comme faisant partie des connaissances requises pour intégrer un des ces cursus de formation. En d’autres termes, qui dit programmation informatique ne dissocie en principe pas les aptitudes nécessaires en maths pour être un acteur de la filière.
De récentes études suggèrent cependant que l’accès à la filière de la programmation informatique requiert plus d’aptitudes en langues qu’en maths. Elles mettent en avant le fait que les régions cérébrales les plus actives lors de la lecture et de la compréhension de programmes informatiques sont celles qui sont également pertinentes dans le traitement du langage naturel. En 1980 déjà, les travaux du célèbre informaticien néerlandais Edsger Dijkstra l’avaient mis en avant : la compréhension du langage naturel joue un rôle central dans la programmation informatique.
« C'est parce que l’écriture du code informatique implique également l'apprentissage d'une seconde langue, la capacité d'apprendre le vocabulaire et la grammaire de cette langue et la façon dont ils travaillent ensemble pour communiquer des idées et des intentions. La recherche décrite ici est motivée par un changement de paradigme conceptuel, à savoir que l'apprentissage des langages de programmation modernes ressemble à l'apprentissage d'une langue naturelle, comme le français ou le chinois, à l'âge adulte. De façon plus précise, nous soutenons que la recherche sur les bases neurocognitives de l'aptitude à la programmation a largement omis le fait que les langages de programmation informatique sont conçus pour ressembler à la structure de communication du programmeur (les langages humains) », précise une équipe de recherche allemande.
Grosso modo, l’étude suggérait que doué en apprentissage de langues implique d’être doué en apprentissage de langages de programmation. Mais les chercheurs avaient généralisé leurs résultats à la programmation informatique au sens le plus large : « De nombreux obstacles à l'entrée dans la filière de la programmation informatique, partant des prérequis aux stéréotypes sur ce à quoi ressemble un bon programmeur, sont centrés sur l'idée que la programmation repose fortement sur les aptitudes en mathématiques, mais cette idée ne se dégage pas de nos données. »
Les conclusions des différentes études amènent alors à remettre la question sur la table : un apprenant issu d’une formation de niveau secondaire sans savoir lire, écrire et calculer peut-il prétendre à un avenir comme travailleur dans la filière de la programmation informatique ? C’est possible s’il exhibe les traits de caractère essentiels pour devenir un acteur du domaine. Un sondage paru sur developpez.com donne des pistes : être curieux, avoir un sens logique aiguisé, être désireux de s’améliorer tous les jours, faire preuve de tolérance à la frustration, faire preuve d’humilité, être minutieux, être tenace, faire preuve de créativité, démontrer de la passion, aimer le travail en équipe. Bien entendu, exhiber ces traits de caractère implique un retour à la maîtrise des fondamentaux (lire, écrire, compter).
Source : oregonlive
Et vous ?
Est-ce pertinent d’avoir un système de sélection basé sur les compétences dites essentielles (lire, écrire, calculer) pour filtrer les futurs apprenants de la filière informatique ?
Des individus issus d’un cycle secondaire sans savoir lire, écrire et compter peuvent-ils songer à une carrière dans la filière de la programmation informatique ?
Avez-vous des collègues dans cette situation ? Comment les trouvez-vous en tant que développeur ?
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Quel impact sur une éventuelle poursuite d'études en informatique ?
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Quel impact sur une éventuelle poursuite d'études en informatique ?
Le , par Patrick Ruiz
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